#1 2008-03-23 23:23:52

madeba
Administrateur

Re : Pesticides et cancers, le test interdit

Un article sur  Robert Bellé, le chercheur de la station marine de Roscoff, présent dans le documentaire "Le monde selon Monsanto".
Il décrit ses travaux*  sur le Round up et plus généralement l'activité cancérigène de pesticides.

Le biologiste Robert Bellé a mis au point un test capable de détecter les molécules cancérigènes dans les pesticides. Les pouvoirs publics lui ont répondu par un pesant silence.
Il y a six ans, dans le cadre de recherches sur les effets de certains pesticides sur la reproduction des oursins, financées par la Région Bretagne, l’équipe de Roscoff découvre, un peu par hasard, le caractère cancérigène de l’herbicide Round-up (1). Celui-ci est commercialisé par la firme Monsanto et autorisé sous condition par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). « Ce pesticide s’est révélé agir sur le cycle cellulaire même à des doses 500 à 2 500 fois inférieures à celles recommandées par le fabricant pour son usage en herbicide. Or, il est aujourd’hui admis que les cancers humains sont imputables, à leur origine, à un défaut de fonctionnement du cycle cellulaire, ce processus universel qui permet la duplication des cellules et le développement de tout organisme », explique le biologiste, qui n’a pas particulièrement la fibre écologiste.

Robert Bellé ne cache pas sa colère de constater que, malgré les preuves scientifiques des risques cancérigènes du Round-up, rien ne bouge, ni du côté des pouvoirs publics, ni dans la communauté scientifique. « On continue de trouver ce produit en vente libre dans toutes les jardineries, c’est incroyable ! » Les déconvenues du chercheur ne s’arrêtent pas là. Interloqué par cette découverte, il lance en 2002 un projet de recherche pour la mise en place d’un « test de criblage ». À partir du modèle de recherche établi pour le Round-up, ce test évalue le potentiel cancérigène de milliers de substances chimiques et combinaisons de substances entrant dans la composition des pesticides. Il sera cette fois possible de prévenir les causes de futurs cancers, pas seulement ceux liés au tabac ou à l’amiante.

Absence de financements

À Roscoff, équipe et matériel sont prêts. Un accord est signé avec une PME rennaise en vue d’une application technologique et commerciale immédiate du test en cas de succès. Restait à le financer. Pendant trois ans, les demandes de financements déposées à l’Agence nationale de la recherche sont rejetées. Incompétence ou discrète pression des lobbies ? « C’est dommage », soupire le chercheur. « Ce test permettrait de déterminer quels sont les produits à risque bien avant que les pathologies n’apparaissent. Et ce, quelle que soit la dose du produit testé. Pour le moment, un tel test n’existe pas. Le potentiel cancérigène des pesticides, s’il est avéré, est infiniment supérieur à celui de l’amiante pour la simple raison que l’ensemble de la population y est exposée et que les doses diffusées dans l’environnement depuis 50 ans sont très élevées ! »

Voir l'intégralité de l'article

* : Journal de la société de biologie  vol. 201, n°3, 2007 : L’embryon d’oursin, le point de surveillance de l’ADN endommagé de la division cellulaire et les mécanismes à l’origine de la cancérisation. Voir le résumé ici par ex. ou les articles complets  en anglais ici

Hors ligne

Pied de page des forums